Article 1
traduit par Martine Faine
10 juillet 1994 au Hameau de l’Etoile à Saint-Martin-de-Londres, dans le sud de la France.
Des formateurs S.G.M. sont réunis autour de Margaret :Tomàs (San Sébastien), Véronique (Provence), Anne-Marie (Innsbruck), Martine (Paris), Heïdi (Innsbruck), Philippe (La Roche-sur-Yon), Carine (Bordeaux), Roger (Lyon), et Margaret Elke (La Fayette Californie).
Raconte-nous un peu ta vie : d’où viens-tu ?
Je suis arrivée sur cette planète, il y a 75 ans, dans le Midle west (centre des USA) à Minneapolis (Minnesota). Mes parents avaient émigré, mon père, de Hollande, ma mère, d’Allemagne. J’habite actuellement La Fayette, en Californie. Je me suis mariée et j’ai eu la vie ordinaire d’une femme de la classe moyenne de mon pays. J’ai eu 3 filles et quand elles sont devenues grandes, j’ai commencé à me demander ce que j’allais faire de ma vie.
J’ai commencé à découvrir les occasions offertes dans les années 60 par des groupes à orientation psychologique et dans cette période d’exploration de soi.
Et je me suis aperçue de quelque chose qui m’a beaucoup étonnée, à savoir que beaucoup, beaucoup de gens ne sont pas très au contact avec leur corps et semblent être toujours dans leur tête. Et beaucoup l’exprimant. J’ai réfléchi alors aux façons de proposer un travail aux gens qui ont un contact limité avec leur corps parce que moi, j’étais très au contact du mien et cela me semblait normal de l’être et pas d’en être coupée de cette façon.
Mais je ne savais pas comment m’y prendre car il n’y avait pas de formation pour un tel travail à la fois physique et psychologique. Au moment où je commençais à aller dans cette direction, j’ai rencontré une femme, Magda Proskauer qui était spécialisée dans la Conscience Corporelle à travers la respiration et le mouvement. Elle était aussi émigrée d’Europe, allemande, kinésithérapeute, et commençait à être connue dans le mouvement de Développement du Potentiel Humain comme quelqu’un qui faisait un travail formidable en amenant par sa méthode les gens à augmenter leur conscience.
J’ai décidé d’être son élève puis elle m’a conseillée de commencer par travailler avec quelque chose de relié au corps, en étudiant le massage. J’ai suivi son conseil et continué de travailler avec elle en individuel et en groupe. J’ai découvert que ma curiosité était très éveillée par le massage et que, peut-être, c’était le chemin que j’avais à suivre pour aider les gens à devenir plus conscients.
En 1968, j’ai commencé ce processus qui est devenu le S.G.M. J’ai emprunté le travail de la respiration de Magda et commencé à 1’incorporer au travail de massage que je faisais.
J’ai senti que cela aidait les gens à être plus en contact avec leur corps. C’était un concept nouveau, je n’avais jamais entendu parler de quiconque qui utilise le travail respiratoire dans le massage. Et cela reste peu fréquent dans les différents styles de massage dont j’ai connaissance.
Donc j’ai commencé, comme je l’ai dit, en 1968 avec quelques clients, et j’ai décidé d’enseigner à quelques personnes. Mon premier essai fut avec un groupe d’adolescents, sur le massage des pieds, ils étaient 18 et ont apprécié l’expérience et cela a été pour moi un encouragement à continuer à enseigner cette sorte de travail.
Dans la même année, j’ai eu l’occasion d’animer un atelier pour couples avec un psychologue et cela a été mon premier atelier réellement professionnel. Vu son succès, j’ai commencé à proposer un atelier hebdomadaire sur plusieurs semaines, pour enseigner ce que je faisais en massage.
En 1972, avec 2 autres personnes, j’ai ouvert une école, le Massage Institute of California, et nous avons dirigé cette école pendant 11 ans. Les deux dernières années, la responsabilité de l’école m’incombait entièrement mais cela devenait de plus en plus difficile de faire marcher l’école en Californie et de passer de plus en plus de temps ici en Europe où j’ai commencé à enseigner en 1974.
C’est à 1’occasion d’une invitation à animer un atelier en Allemagne par un médecin qui voulait devenir psychothérapeute et que j’avais rencontré dans un groupe de Gestalt en Californie. Quand il a su que j’animais des ateliers de massage, il m’a invité parce qu’il avait organisé le premier centre résidentiel près de Munich, Zist. Sur son invitation et sa suggestion, j’ai organisé mon premier tour d’Europe en 4 semaines, qui m’a amenée non seulement en Allemagne, mais aussi en Hollande et à Paris. Et depuis, je suis venue régulièrement en Europe enseigner. Après quelques années, il m’est apparu clairement que je devais donner à ce travail un nom qui lui définisse une identité précise. Le nom, donné à l’origine par mon sponsor à Paris, était Massage Californien, c’était son idée. Mais c’est devenu à l’époque un nom donné à toutes sortes de massages et j’ai senti qu’il ne rendait pas compte de l’identité de notre massage. Donc, en y pensant sérieusement avec l’aide de la personne qui co-animait avec moi la formation en Europe pendant les 7 premières années, nous avons trouvé ce nom de Sensitive Gestalt Massage®.
Margaret, comment as-tu pu avoir un bon contact avec ton corps, ce que d’autres personnes n’ont pas ?
Je pense que c’est relié au fait que j’ai eu beaucoup de toucher pendant mon enfance. Mes parents étaient très affectueux et, étant enfant unique, je bénéficiais de beaucoup d’attention de leur part. Mon père était très intéressé par le maintien en bonne condition physique, il aimait les activités physiques et pratiquait pour lui-même le lever de poids. Mais avec moi il avait différentes sortes d’activités qui me mettaient en contact avec lui. Nous avions un accord particulier pour le masser. Il m’avait enseigné cela quand j’avais 2 ans et jusqu’à 14 ans, et j’étais vraiment encore une petite fille à 14 ans, c’était vraiment un moment très particulier que je passais avec lui, tous les dimanches matin. Je le massais avec mes pieds, en me tenant à la tête du lit. Je travaillais le haut de son corps, sur l’avant et sur l’arrière, et il aimait beaucoup ça. Mais en échange, je voulais qu’il s’occupe de moi et nous avions toujours des jeux, amusants avec du contact physique comme le jeu du cheval. Il était à 4 pattes et je grimpais sur son dos. Comme si je montais un cheval sauvage. C’était très drôle et plein de contact corporel ! J’avais beaucoup de contact aussi avec ma mère, qui était quelqu’un d’affectueux et contenant.
Donc j’ai grandi avec beaucoup d’attention et de choses agréables qui m’ont simplement gardée en contact avec mon corps je crois.
Margaret, que signifie S.G.M. ?
Si nous prenons chaque mot et l’explorons, nous découvrons plusieurs niveaux de signification.
Sensitive, bien sûr : cela signifie être très précis et très sensitif à la personne qui reçoit le massage, et à sa sensibilité corporelle individuelle.
Gestalt signifie créer une totalité. Nous avons des parties qui sont « sur le devant de notre attention « et d’autres qui sont en arrière-plan. Quand nous travaillons avec une approche de Gestalt notre attention est portée sur la partie que nous travaillons puis, elle la réunit à celles qui sont en « arrière-plan » de ce processus. Nous faisons cela avec toute une variété de techniques mais en mettant toujours l’accent sur la réunification d’une partie à la totalité et la création d’une « Gestalt » complète dans le processus.
Et bien sûr le massage lui-même. Nous faisons beaucoup de choses qui sont similaires à d’autres sortes de massages, mais nous les faisons encore en insistant sur la précision. nous utilisons aussi beaucoup de mobilisations et parfois même en même temps que le massage.
Tout ceci se combine pour créer pour la personne une expérience holistique (de totalité)
Qu’est-ce qui est unique dans le S.G.M. ?
C’est une bonne question car d’une certaine manière, nous faisons des choses qui n’existent pas dans d’autres approches. Nous avons beaucoup de touchers différents qui vont jusqu’au toucher profond dans les tissus musculaires et un toucher très léger fait pour stimuler les récepteurs proprioceptifs de la peau. Nous cherchons particulièrement à éveiller l’énergie puis à la faire circuler dans le corps de telle sorte qu’il ressente tout entier cette énergie, c’est ce que nous appelons l’unification. Chaque fois que nous faisons circuler l’énergie, nous faisons un enracinement d’abord pour la première fois aux pieds. Quand nous travaillons avec le corps de cette façon-là, nous créons une structure qui garde la personne dans une conscience de soi, totale, et dans la sensation d’être enracinée.
Est-ce qu’il y a d’autres aspects uniques dans le S.G.M.?
Bien sûr la respiration qui est l’aspect principal : nous proposons une façon spécifique en demandant aux personnes d’utiliser leur respiration comme un outil de conscience aussi bien que pour les aider à se détendre et à augmenter leur énergie. Donc celle-ci a un rôle très important. Par ailleurs nous mettons l’accent sur le côté nourrissant dans notre façon de toucher, sur son côté précis et attentif, de telle sorte que la personne a vraiment la sensation que nous l’entourons et la soignons bien, et cette personne acquiert un sens de la forme de son corps.
Quelle est la structure du S.G.M.?
Le S.G.M. est réellement structuré. Il y a 3 parties dans l’expérience:
1. La préparation met en jeu l’installation confortable de la personne sur la table puis un toucher qui permet la prise de contact et une meilleure conscience de son corps. La relaxation verbale et tactile Eriksonnienne suit et se termine par des étirements pour préparer la personne au massage.
2. Le massage qui commence par l’huilage du corps qui est fait de façon créative par chacun et de telle sorte que la personne ait la sensation du corps entier avant le début du massage lui-même.
3. L’intégration, quand nous avons terminé le massage, nous proposons aux personnes de prendre leur posture préférée d’endormissement aussi confortablement que possible et nous les y aidons avec différents supports. Puis nous les couvrons de telle sorte qu’elles se sentent comme enveloppées dans un cocon, ou un environnement de cette sorte. Puis nous les « enracinons » et suggérons qu’elles utilisent ce temps pour être attentives aux effets de l’après-massage et à rester réellement présentes à leur expérience corporelle. Puis nous revenons, après les avoir laissées un temps court, seules avec elles-mêmes, et c’est le moment de ce que nous appelons « completion » qui est une fin. Et nous stimulons à nouveau la peau en enlevant l’huile avec une serviette rêche, puis les faisons asseoir pour faire encore quelques stimulations à la fois sur le dos et le visage. Et généralement nous finissons avec le toucher léger par ce que j’appelle le « franging », utilisation des franges, et quand c’est fini, nous disons « voilà ! » (en français…)
Une réflexion au sujet de « Interview Margaret Elke initiatrice du SGM »
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