Article 2
écrit par Raoul Bécart dans les années 80
pour définir le sigle S.G.M. (Sensitive Gestalt Massage®) de façon plus détaillée.
1. Le terme de Sensitive dans le-sgm-version-femme-enceinte
« Le S.G.M., en effet, promeut l’éveil sensoriel du corps brimé par la culture du non-toucher. Son but est la résurrection des zones mortes du schéma corporel, de la sensibilité totale et non limitative de toute la peau. On a trop oublié que cet organe était primordial dans l’élaboration, l’achèvement et l’épanouissement de la personnalité.
Les spécialistes évoqueront ici les travaux de Wallon, de Bowlby, d’Harlow, de Serge Leclaire, d’Ashley Montaigu dont il faut relire le beau livre « La peau et le toucher (Ed. du Soleil) dans lequel il écrit « la stimulation tactile est une sensation fondamentalement nécessaire pour le développement du comportement harmonieux d’un individu. La carence en stimulation tactile pendant la petite enfance aboutit à une incapacité grave à établir des relations et un contact avec les autres. Procurer à un individu même adulte, ce dont il a besoin pour le rassurer, et lui donner la conviction qu’il est désiré, qu’il existe, le réinsère dans un canevas de valeurs avec les autres et le rend ainsi, plus solide.
La perception par le « toucher » a une résonnance profonde en nous ».
Le S.G.M. replonge dans le « bain de caresses » nécessaire à la reconnaissance de soi, à la relation-communication, à l’état OK, pour se référer à un des thèmes de l’analyse transactionnelle (AT).
Il est évident que pour la future maman, dont le capital « caresses » est, comme la plupart d’entre nous dans notre culture, déficitaire, c’est l’occasion de provoquer les « recharges nécessaires » qui lui permettront, en sachant accepter qu’on lui procure ces « contacts », ces caresses tactiles, de savoir, à son tour, « donner » l’équivalent à son enfant lorsqu’il sera là. Et même déjà, à travers son corps, comme les travaux de Ch. Baudoin l’ont montré, son bébé reçoit les caresses médiatisées par sa peau, son utérus, son système moteur sensoriel et son affectivité en gardant mémoire.
Le S.G.M. répare d’une certaine manière, quand c’est le cas, les ratés de l’ancrage corps-esprit et gomme les tendances dissociatives, le sentiment de morcellement (Ronald Laing, Esterson).
Dans le cas de la femme enceinte, outre les petites zones de soi qu’elle veut oublier dans sa vie courante, deux cas de dissociation peuvent se produire schématiquement :
– soit, la future mère n’est plus que douleurs, malaises, sensibilité du dos, des épaules, de la colonne vertébrale, mauvaise circulation aux extrémités froides et enflées, etc. La future mère est dolente, ne pense qu’à cela, chasse de son esprit ce ventre mal fichu qui grossit, gêne, prend des vergetures….
– soit, elle n’est plus qu’un « ventre » obnubilée par lui, nombrilisée ; on l’ausculte, on le palpe, on s’inquiète, le reste ne compte plus : elle parcourt sa grossesse, héroïque ou abattue, portant son encombrement ventral comme un Graal mystique ou un pesant fardeau qui lui fait oublié tout le reste.
Le S.G.M. opère donc la réunification nécessaire. De plus, il donne de la chaleur, de l’énergie, du plaisir. Il apprend à recevoir comme à donner et introduit à la sensation intériorisée de décrispation, la détente et une relaxation profonde qui sont des auxiliaires précieux de l’accouchement contrôlé et maîtrisé.
2. Le terme de Gestalt dans le-sgm-version-femme-enceinte
Le mot Gestalt signifie « forme » et se réfère à une théorie psychologique dont le principale est le suivant : chacun de nous, à partir de quelques éléments dispersés, a automatiquement tendance à vouloir les regrouper pour en faire une forme totalisante, un tout achevé qui s’inspire de nos besoins actuels non satisfaits. L’illustration classique est l’image de Zurflu dans laquelle on découvre soit une séduisante jeune femme, soit une femme âgée inspirant la méfiance, du type « sorcière ».
Dans la théorie de Perls, ce principe d’origine, bien qu’ayant beaucoup évolué, se retrouve…
Quelle est son application au S.G.M .?
On peut dire d’abord que le S.G.M. est un outil privilégié pour la connexion d’expériences passées avec nos émotions refoulées afin de les revivre, libératoires, dans « l’ici et maintenant », pour les dépasser, en particulier en récupérant les parties du corps niées ou qui restent muettes. Il permet de reconquérir son espace corporel complet. C’est là un de ses aspects totalisateur non négligeable au cours de la grossesse…. Il permet à la femme enceinte de suivre son corps dans son expansion, sans négliger le « corps d’avant » et en préparant le « corps d’après ».
Ainsi, grâce au S.G.M., retrouve-t-on littéralement « la forme » et le rayonnement complet de l’énergie stimulée par le massage car sentiments, émotions et contacts cutanéo-tactiles se réverbèrent les uns sur les autres et dynamisent notre vitalité.
Les circuits d’accès au registre vago-sympathique sont ouverts et nous réinvestissons en douceur notre domaine interne énergétique. La douce alternance « régression-intégration », tel que recevoir des soins comme un « petit enfant » et accepter de faire de ce corps étranger qui se développe chez la femme gestante, « son enfant », agit quasiment à notre insu pour balayer les dettes du passé, pour fermer les « boucles » de nos besoins en stimulations. Ici, les gestalts se forment et nous voilà davantage prêts à nous accepter nous-mêmes, débloqués, relaxés, sans frayeur qui couve. Nous voilà au contact immédiat de nous-mêmes et des autres, sans anxiété, détendus, sans parasitages. Le S.G.M. est gestaltiste, donne la plénitude, parce qu’il intègre dans le flux global des sensations-émotions la réalité essentielle du moment, l’enfant de demain qui se construit aujourd’hui.
Il est en outre totalisateur parce qu’il prend en compte la totalité de la vie : la période de la grossesse, de l’enfance, les relations entre amis, entre partenaires, le souci commun du bébé.
3. Le terme de Massage dans le-sgm-version-femme-enceinte
Naturellement, pour que la relaxation, la « ressensibilisation », l’intégration corporelle, la régression-dépassement, la « pleine forme » puissent être une réalité, il faut une technique efficace et sûre, une éducation de la communication par le toucher, un affinement de la sensibilité relationnelle : c’est ce qu’apporte le S.G.M. (aux professionnels du massage inclusivement) par son aspect holistique.
Quand on parle, à propos du S.G.M., de « masseur » ou de « massé » on se réfère dans l’échange, à des « rôles » alternés qui n’ont rien à voir avec une activité statutaire et paramédicale car celle-ci concerne un titre professionnel bien défini comme par exemple le kinésithérapeute. Avec le S.G.M., les onctions pratiquées relèvent du domaine où tout un chacun, par la médiation universelle du toucher, peut devenir le « bon samaritain » de la vie quotidienne. C’est soit le père ou la mère pour l’enfant, le mari pour l’épouse et inversement, l’ami ou l’amie, le kinésithérapeute, etc. Il n’est besoin que d’attention, d’un peu de pratique, de beaucoup de présence à l’autre, à partir d’informations élémentaires acquises pendant un stage de formation individuelle.
S’ajoutent à tous ces effets bénéfiques ceux qu’on peut attendre de l’application du S.G.M. à ce qu’on appelle de plus en plus le massage esthétique californien ou modelage du corps, vergeture, etc. Mais ceci est une autre histoire qui bien sûr ne doit pas laisser indifférente une future maman qui se fait quelques soucis pour sa « beauté ». En ce domaine encore elle est gagnante« .